Je ne le savis pas, mais je suis tombé sur un article des echos. Comme vous pourrez le constater, la politique de gestion de son entreprise était osée. En tous cas, pour moi, elle signifie beaucoup. Voila donc l'article en question.

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"Le petit constructeur rochelais produit une quarantaine de voiliers par an. Il s'en sort grâce à une politique sociale originale. Amel, la coopérative qui ne veut pas dire son nom Les Echos n° 17276 du 20 Novembre 1996 • page 44 On décrirait volontiers le chantier naval Henri Amel comme une vaste coopérative ouvrière, si cela n'écorchait les oreilles de son fondateur. Il n'y a pas de syndicat chez Amel qui était, à sa fondation en 1968, la seule entreprise de La Rochelle à ne pas être en grève au mois de mai. Depuis qu'il a pris sa retraite en 1979, l'ombre d'Henri Amel, quatre-vingt-quatre ans, est toujours présente dans l'esprit des salariés, malgré ses rares visites à l'usine de Périgny, dans la banlieue rochelaise. Ne dites pas de mal de Henri Amel: ce n'est pas tous les jours qu'un patron fait cadeau des actions de son entreprise à ses employés. Aujourd'hui, la quasi-totalité des 125 salariés du chantier sont détenteurs de titres de la société qui leur ont été remis gracieusement peu après leur arrivée. Les actions sont en revanche rachetées au prix fort par la société lors des départs, à la retraite en général. Le chantier distribue chaque année entre 100 et 200 francs de dividende par action, outre un 13e mois, l'intéressement et la participation. La crise ? Les plans sociaux ? Le chômage partiel ? On assure n'avoir jamais rien connu de tel. Certes, le marché n'est pas ce qu'il a pu être. Après le record de 1992 (100 millions de francs de chiffre d'affaires), l'exercice clos au 31 août 1996 témoigne de l'érosion de l'activité, à 84 millions. La marge brute s'établit entre 4 % et 6,5 % du chiffre d'affaires. Le point mort se situe à 80 millions de francs. Les commandes des deux seuls produits du chantier: le Santorin, voilier de 14 mètres, et son grand frère de 16 mètres, le Super-Maramu, oscillent entre 35 et 40 unités par an. Les bonnes années, Amel vend _ directement, sans distributeurs _ quelques Maramu de plus que de Santorin, exclusivement à des particuliers, pour moitié français. Selon le directeur commercial, Jean-Jacques Lemonnier, Amel n'a jamais eu le moindre client loueur professionnel ou investisseur en loi Pons, malgré sa base en Guadeloupe. Là ne s'arrête pas l'originalité du chantier. « Nous ne changeons de modèle que tous les dix ou douze ans et nous n'avons actuellement aucun projet de nouveau bateau », déclare Jean-Jacques Lemonnier. Le Santorin et le Super-Maramu ont donc encore une longue carrière en perspective. Cette prudence que d'autres qualifieraient de suicidaire, Amel la justifie par la certitude que le marché ne connaîtra plus la croissance des années précédentes. « Certains se font trop d'illusions sur le potentiel du marché et sur le produit, dont le cycle de vie est plus long qu'ils ne pensent », assure Jean-Jacques Lemonnier. Dernière originalité, le processus de production. Henri Amel a choisi de fabriquer un maximum d'équipements, quand tous les chantiers s'adressent aux grands accastilleurs. Les ouvriers usinent à la main de très belles gaffes en bois ou de solides charnières Inox, avec le souci permanent d'améliorer les méthodes. C'est aussi cela, l'héritage de Henri Amel.

JEAN-PIERRE NEU "